Territoire : Urbanisme et Agriculture, un exemple à suivre

Un article dans Territoires bio transmis par FNE BFC a particulièrement attiré mon attention, aussi, je vous le fais partager.

Un mode exemplaire d’actions mises en oeuvre par la MEL (Métropole Européenne de Lille)  que la Métropole dijonnaise devrait adopter…

  • Métropole Européenne de Lille
  • 95 communes, 1.130.000 habitants
  • Région des Hauts de France, Département du Nord, Agence de l’Eau Artois Picardie
  • Superficie totale de 671 km² – 40% de sa surface en terres agricoles

Caractéristiques agricoles

  • Productions dominantes : Bien que certaines dominantes se dégagent par sous-secteurs géographiques, l’agriculture du territoire est caractérisée par une très grande variété de productions agricoles :         cultures céréalières, cultures industrielles de betteraves et pommes de terre, légumes de plein champ, maraichage et horticulture, et maintien de l’élevage.
  • L’âge moyen des exploitants de la Métropole est de 49 ans ; 24 % des chefs d’exploitation ou associes sont des femmes.
  • Surface agricole utile (SAU) : 27 465 ha dont 275 ha en bio (pour 39 exploitations), soit 1 % de la SAU en bio et 5 % des exploitations

Actions mises en oeuvre

L’agriculture constitue un atout majeur pour l’équilibre du territoire métropolitain. Dynamique, génératrice d’emplois et préservant les ressources naturelles, elle constitue un des piliers de l’économie et de la valorisation de notre territoire. La MEL compte ainsi près de 800 exploitations agricoles qui mettent en valeur près de 40 % du territoire.

Ces agriculteurs éleveurs, céréaliers, maraîchers font vivre des filières complètes, permettant la transformation artisanale et industrielle de leurs produits, favorisent autour d’eux le développement des activités commerciales et de services, livrent la restauration collective et familiale.

Entrepreneurs, créateurs de richesse, ils sont aussi des animateurs, des aménageurs du territoire, des protecteurs de paysages et des ressources.

Dès 2009, la MEL s’est engagée dans une animation agricole sur le secteur spécifique des Champs captants du Sud de Lille (nappe phréatique sensible aux pollutions de surface qui fournit 40% de l’eau potable de la métropole – concerne 26 communes de la MEL). Cette nappe stratégique pour la collectivité a donc été l’occasion d’engager une démarche de construction de plan d’actions pour l’amélioration des pratiques en vue de la protection de la nappe. Dans le panel des actions engagées, le souhait de développement de l’agriculture biologique a très vite été affiché par la Métropole.

Puis en 2015, les élus métropolitains ont souhaité étendre le spectre des actions de la collectivité dans le domaine agricole et surtout définir une stratégie globale et commune à l’ensemble du territoire. Ainsi le plan bio métropolitain concerne aujourd’hui l’ensemble du territoire.

Accompagnement du changement des pratiques agricoles

Au travers de la Stratégie Agricole et Alimentaire métropolitaine votée par l’ensemble des élus en 2016, la MEL a développé une vision et un plan d’actions pour préserver, mettre en valeur et accompagner l’agriculture de son territoire vers le changement des pratiques.

Cette vision politique a permis de décliner de nombreuses actions sur le territoire métropolitain de façon transversale qui nourrissent les objectifs de développement de l’agriculture biologique locale et d’amélioration de l’impact environnemental des exploitations du territoire.

En dehors du plan bio métropolitain détaillé ci-après, on peut citer l’exemple de l’installation d’un réseau de capteurs météo agricoles sur le territoire pour permettre une utilisation optimum des outils d’aides à la décision et faciliter l’organisation du travail des exploitants.

Les modèles de stations météo connectés Sencrop ont été sélectionnés afin de mieux organiser les interventions et de gagner du temps, grâce aux données transmises en temps réel. La précision des informations émises permettent de traiter au meilleur moment et ainsi de réduire le lessivage des produits. En s’alliant à des instituts techniques, l’entreprise Sencrop fait le lien et alimente des modèles prédictifs de maladie avec les données relevées directement dans les parcelles.  Aujourd’hui, 64 stations Sencrop+ (pluviométrie, hygrométrie et température, vitesse du vent, rafales et direction) sont installées dans un rayon de 20 km autour de Lille chez une cinquantaine d’agriculteurs.

Actions foncières

Plan local d’urbanisme

Adopté au Conseil Métropolitain de décembre 2019, le nouveau Plan Local d’Urbanisme de la métropole (PLU2), est entré en vigueur en juin 2020. Pour accompagner les nécessaires transformations face à l’urgence climatique mais aussi pour mieux répondre aux besoins des habitants et usagers du territoire, le PLU2 porte le projet d’une métropole « éco responsable ». Au cœur de ce projet, la préservation des ressources alimentaires et agricoles et de la ressource en eau potable sont des garanties de long terme.

Avec le PLU2, le renouvellement urbain n’est plus une priorité mais un impératif. La surface des zones urbanisables en dehors des parties urbanisées est divisée par quatre par rapport au PLU1.

Le travail de concertation avec le monde agricole a permis à plus de 1 200 ha de retourner dans le giron des zones agricoles.

La réduction de près de 70 % des emprises foncières sur les terres agricoles dans le PLU2 marque un tournant dans la baisse de l’artificialisation des terres agricoles de la métropole lilloise :

  • les zones à urbaniser (ZAU) sont réduites de près de 70 %, passant de 2 600 ha à 790 ha ; dont 220 ha en ZAU constructibles et 570 ha en ZAU différées.

Bernard Delaby, vice-président à l’agriculture et à la planification urbaine lors de l’adoption du PLU2, expliquait ce choix politique : « La métropole lilloise dispose sur son territoire d’une belle agriculture avec une forte valeur ajoutée. Notamment grâce à ses activités d’élevage et de vente directe. La préservation du foncier agricole répond aussi aux attentes sociétales autour de l’agriculture locale. »

Zone maraichère de Wavrin

Le projet de la Zone Maraîchère de Wavrin (ZMW)  s’inscrit dans un écosystème métropolitain  de projets à l’échelle de la politique agricole de la MEL, allant de la création d’un espace test agricole (faisant l’interface entre la formation et l’installation) au fonds de concours destiné aux communes pour le soutien à l’installation de maraîchers bio.

La MEL a décidé de soutenir le développement d’une agriculture de proximité, durable et respectueuse de l’environnement, identifiée comme vectrice de création d’emplois et de développement économique dans la ceinture rurale du territoire périurbain.

La première phase de la Zone Maraîchère de Wavrin (ZMW) a été inaugurée en 2016, après l’implantation d’un forage et d’un hangar de 1 600 m² et la sélection des candidats. Ce projet est structuré autour de la collaboration, de la mutualisation  de matériel agricole et la création d’une dynamique de groupe entre différents porteurs de projet.

L’entièreté de la zone est conduite en agriculture biologique.

Aujourd’hui, la phase 1 de la ZMW est un succès avec 9 porteurs de projets installés sur 35 ha depuis 2016 et des demandes d’installations en maraîchage sont de plus en plus nombreuses sur les territoires.

Les agriculteurs installés diffusent leurs produits majoritairement au sein de la MEL grâce à différents circuits de vente : les marché locaux, le marché de la zone maraîchère, les paniers (AMAP), le « Court-Circuit », les marchés du CIVAM, le marché de Phalempin,…

L’aménagement de cette zone répond à 3 objectifs principaux :

  • soutenir la création de nouvelles unités de productions agricoles, notamment maraîchères, arboricoles et horticoles. Dans un contexte de rareté du foncier agricole libre d’occupation, il s’agit d’aider à l’installation et de mettre à disposition d’agriculteurs (jeunes, reconversion et relocalisation métropolitaine) des parcelles aménagées et viabilisées, moyennant un bail rural conclu entre la MEL et le porteur de projet
  • développer des pratiques agricoles respectueuses de l’environnement. Promouvoir et développer l’agriculture biologique et ainsi répondre à l’augmentation de la demande en produits biologiques dans la métropole lilloise
  • aménager une zone « vitrine » pour la profession, intégrée dans son territoire. Il s’agit d’inciter les projets collectifs entre les agriculteurs qui seront présents sur la zone, en lien avec les besoins du territoire.

Les phases 2 et 3 d’extension sont en cours de réflexion sur leur modèle et convergence avec le fonctionnement de la phase 1.

 

Espace test de Lompret

Faisant suite à la création de la Zone Maraichère et Horticole de Wavrin, et au regard des échanges avec les partenaires dans le domaine, la MEL souhaite développer un espace test agricole en maraichage biologique pour apporter un complément professionnel post formation aux futurs porteurs de projets. En effet, l’expérience montre que les stages réalisés pendant la période de formation « classique » sont parfois

L’espace test créé en partenariat avec la MEL, l’EPLEPFA et la Région, offre un espace d’expérimentations et de rencontres concourant à l’innovation dans le domaine du maraichage biologique, d’un point de vue technique, commercial et organisationnel.

A titre d’exemple, ces projets pourraient porter sur l’automatisation des process de production en maraichage biologique, des outils d’aide à la décision ou à la planification, des innovations favorisant l’ergonomie au travail, de nouveaux outils de commercialisation,…

L’emprise du projet (foncier et bâti) est propriété MEL. La superficie dédiée au projet est d’environ 3.3 ha.

Il a comme fonctions fondamentales la mise à disposition :

Pour mener à bien ces missions, l’espace-test agricole est animé et coordonné dans une logique d’ouverture, d’ancrage territorial et de partenariat – fonction « animation-coordination ». Un animateur a été recruté courant 2020 pour finaliser les démarches d’ouverture du site et procéder au premier appel à candidatures.

Par ailleurs, la MEL met à disposition des porteurs de projets, pendant leur test, le parc matériel nécessaire à la conduite des cultures. Ainsi, les porteurs de projets n’engagent pas de charge d’investissement, seules les charges de fonctionnement leur incomberont. trop court pour permettre aux personnes souhaitant s’installer hors cadre familial de pleinement réussir leur installation en appréhendant pleinement toutes les facettes de ce métier.

L’espace test agricole a pour but d’accueillir et d’accompagner les futurs porteurs de projets qui souhaitent se tester « grandeur nature » en maraichage biologique sur le territoire en leur mettant à disposition du foncier en AB, un parc matériel performant et un accompagnement adapté.

La démarche de la MEL a également rencontré le projet de l’EPLEPFA (Lycée Horticole de Lomme) dans la mise en œuvre d’un «  Espace d’Innovation Partagé » E.I.P, en créant en son sein un espace test agricole.

La MEL a investi, fin 2019, 270K€ dans le matériel agricole et financera le poste d’animation pour un durée minimum de 3 ans, soit environ 215 000€ (septembre 2020).

Le parc matériel est financé par l’Etat à travers le pacte Etat métropole à hauteur de 70%.

Le poste d’animateur-coordinateur de l’Espace test est financé par l’Agence de l’Eau Artois Picardie sur une durée limitée de 3 ans à hauteur de 70%.

Le fonctionnement de l’EIP est à la charge de l’EPLEPFA. L’animateur-coordinateur recruté par la MEL participera à la coordination de l’EIP, notamment dans son interaction avec l’Espace test.

L’objectif est d’ouvrir une première session de porteurs de projets courant 2021.

 Fonds de concours agricole

Dans un contexte de rareté du foncier agricole libre d’occupation, il s’agit d’aider à l’installation et de mettre à disposition d’agriculteurs (jeunes, reconversion et relocalisation métropolitaine) des parcelles aménagées et viabilisées. Pour cela, la MEL a mobilisé depuis 2019 l’outil fonds de concours. Par ce biais, la MEL peut accompagner financièrement les projets des communes qui vont dans ce sens.

L’ambition de ce dispositif est multiple :

  1. Soutenir la création de nouvelles unités de productions agricoles bio, notamment maraîchères, arboricoles et horticoles.
  1. Valoriser les terrains publics n’ayant actuellement pas de vocation définie ou éventuellement libres d’occupation. En installant des exploitations sur des terrains publics non occupés mais qui doivent néanmoins être entretenus par les services municipaux, les communes peuvent valoriser ces entités tout en étant soulagées de leur entretien.
  1. Renforcer le lien urbain / rural. L’installation d’exploitations au sein des communes permet de rapprocher le citoyen urbain du lieu de production et de l’exploitant. Cela participe à l’entretien d’un lien social et économique entre producteur et consommateur, ainsi qu’au développement des circuits de vente directe sur le territoire métropolitain.

Les équipements agricoles éligibles au titre du présent dispositif sont :

  • des parcelles à viabiliser en vue de l’installation ou du développement d’une exploitation agricole ;
  • la construction ou la réhabilitation de bâtiments techniques.

Les dépenses éligibles concernent, en plus d’éventuelles études d’aménagement préliminaires sont :

  • Dans le cadre de la viabilisation des parcelles en vue de l’installation ou du développement d’une activité agricole, et par ordre de priorité : l’amenée des réseaux d’eau et d’électricité hors assainissement ; les forages ; les clôtures ; l’aménagement des accès.
  • Dans le cadre de la construction ou de la réhabilitation de bâtiments pour le stockage de matériel et des récoltes, et par ordre de priorité : la pose de petites unités de stockage fixes à la parcelle ou à proximité immédiate du lieu de culture ; les dispositifs de récupération des eaux de pluie ; l’aménagement de sanitaires type toilettes sèches pour l’exploitant ; les aménagements pour la structuration de circuits courts.

Sont exclus de ce dispositif : les coûts d’acquisition du foncier ; les travaux de terrassement et d’élagage ; les matériels agricoles mobiles.

L’enveloppe par projet est de 50.000 € maximum (par le biais des fonds de concours, la commune doit rester le financeur majoritaire du programme).

Baux ruraux environnementaux (BRE)

En juin 2019, le Conseil métropolitain a délibéré pour la définition d’une stratégie patrimoniale sur les terres arables et naturelles de la MEL (1300 hectares environ). Les objectifs de cette stratégie et de sa mise en œuvre à l’échelle de l’ensemble des terrains en propriété de la MEL sont multiples :

  • proposer une vision et une gestion stratégique de long terme de ce patrimoine. Ainsi la trajectoire de ce patrimoine n’est plus liée à l’attente d’un projet urbain mais porte intrinsèquement un projet en tant que tel de par sa nature agricole ou naturelle et tous les bénéfices induits pour notre territoire. Ce patrimoine n’a donc pas vocation à être cédé ;
  • sécuriser nos locataires par la conclusion de baux dès lors que les parcelles sont classées en zonage A et N au PLU 2, afin de leur permettre une meilleure visibilité pour envisager des transmissions ou des changements de systèmes. Pour cela, il est nécessaire de procéder à une clarification des occupations sur certains secteurs ;
  • accompagner les pratiques agricoles durables sur le territoire métropolitain en généralisant la conclusion de baux ruraux environnementaux (BRE). Notre statut d’EPCI nous permet d’inclure dans nos baux ruraux, des clauses environnementales encadrées par le code rural et de la pêche maritime. Cette mise en place progressive se fait dans le cadre de concertation avec nos locataires et selon la grille délibérée en juin 2019 (les niveaux de BRE permettent de réduire le fermage selon les actions mises en œuvre par le locataire) ;
  • anticiper les transmissions ou les départs à la retraite et proposer un cadre pour les réaffectations de ce patrimoine. Ce cadre est nécessaire notamment dans un souci de transparence mais également au regard des articles L. 2122-1-1 et suivants du code général de la propriété des personnes publiques et à la jurisprudence relative au domaine privé, qui nous obligent à une mise en concurrence ouverte et à des critères de sélection pour justifier de notre choix d’attribution des terres.

Enfin ce déploiement des baux environnementaux et la projection d’un réel projet sur notre patrimoine agricole nous permettent aussi d’envisager, aux côtés de nos locataires, de développer les pratiques agroécologiques adaptées à l’exploitation et à la parcelle ainsi qu’un outil de communication auprès du grand public.

Pour mettre en place ces baux ruraux environnementaux, et permettre à la fois transparence, équité de traitement et valorisation des actions par une réduction du fermage, plusieurs postulats ont servis à l’établissement d’une grille de niveau de BRE :

  • un dispositif accessible à tous et une base de dialogue avec les exploitants
  • des critères vérifiables facilement et sans contraintes administratives ou faibles
  • Une sécurisation des occupations pour les agriculteurs sur le foncier exploité
  • Un fonctionnement par « niveaux » avec un dégrèvement du fermage à l’hectare
  • L’ensemble des thèmes suivants traités dans les différents niveaux du dispositif : place de la biodiversité à la parcelle, agroécologie, action sur les races locales, maintien et valorisation des paysages, gestion de l’eau de surface, travail et vie des sols, la réduction des intrants chimiques, l’agriculture biologique.

Ainsi, une parcelle agricole propriété MEL conduite et certifiée en Agriculture Biologique dispose d’un abaissement du fermage de 70 %. Si cette conduite en AB se conjugue avec d’autres mesures comme l’implantation de haies, gestion de mare, actions sur la préservation des races locales …, l’abaissement passe à 80 %, ce qui est le maximum possible.

En 2020, les deux premiers BRE ont été signés sur la MEL. Leur mise en place se fait dans un cadre concerté et progressif mais les premiers retours terrains sont positifs et permettent de renouer le dialogue entre propriétaire et locataire agricole. Ce dispositif est jusque-là bien perçu par nos locataires.

La prochaine étape sera sans doute de concerter avec les autres propriétaires publics du territoire pour aboutir à une politique globale cohérente (communes, CCAS …).

Agroforesterie

La MEL travaille sur la thématique de l’agroforesterie depuis 2016 avec plus de 27 000 arbres et arbustes plantées principalement en haies.

Cette démarche est possible grâce à un partenariat avec les associations les Planteurs Volontaires et Lys Deûle Environnement qui conçoivent l’aménagement et mobilisent des volontaires pour les chantiers de plantations. Ces deux associations réunis réalise chacune une dizaine de chantier par an et peuvent aujourd’hui planter12 000 arbres.

Ce partenariat permet, au-delà de la plantation elle-même, de placer l’arbre au sein d’un processus d’appropriation des agriculteurs et des citoyens au travers des chantiers participatifs de plantations.

Ces campagnes de plantations totalement gratuites pour l’agriculteur ont été réalisées à travers un appel à manifestation d’intérêt porté par la MEL et envoyé à l’ensemble des 800 agriculteurs du territoire. Plus de 60 agriculteurs ont répondu présent pour ce premier appel.

Ces projets ont des vocations multiples : lutte contre l’érosion, l’adaptation au changement climatique, le potentiel de la haie en biomasse locale, la création de corridors écologiques, la création de haies fourragères, la plantation de petits vergers… C’est aussi une occasion de repenser les modes de faire et de recréer du lien avec le public de volontaires qui s’investissent eux aussi le temps d’une journée dans les plaines agricoles.

A la suite du chantier, les agriculteurs ne sont pas laissés à eux-mêmes, les Planteurs Volontaires effectuent un suivi de reprise et un regarnissage de la haie est entrepris si nécessaire. Nos premières haies grandissent et vont pouvoir être taillées, en 2021 la première session de formation de taille destinée aux agriculteurs va voir le jour.

Une attention toute particulière est donné à l’origine des plants et à l’écotype régionale de espèces plantées. En effet, nous travaillons uniquement avec des pépiniéristes approuvés par l’initiative de la région Hauts-de-France, « Plantons le décor » qui met en avant les variétés d’arbres et d’arbustes locaux auprès du grand public et des professionnels.

Nous souhaitons allez plus loin en relançant un appel à manifestation d’intérêt et des projets d’agroforesterie intra-parcellaire avec des arbres de haut jet pour la production de bois d’œuvre par exemple.

De plus, nous travaillons à la mise en place d’une parcelle agroforestière pilote sur le foncier MEL, mettant en avant aussi bien les plantations de haies que le bois d’œuvre au sein d’une parcelle menée en agriculture biologique. 

Nous  souhaitons également réfléchir avec les acteurs du territoire pour créer  une véritable filière énergétique « bois de haie ». En effet, pour aller plus loin que l’acte militant et toucher un large public, il faut que  la plantation de haies devienne aussi un avantage économique potentiel pour les exploitations agricoles.

Pour réaliser ces projets nous travaillons avec l’association régionale : « Les Planteurs Volontaires ». Ce partenariat permet, au-delà de la plantation elle-même, de placer l’arbre au sein d’un processus d’appropriation des citoyens et de partenariat long terme entre agriculteurs et citoyens au travers des chantiers participatifs de plantations.

Nos ambitions pour l’avenir

– Permettre au projet de prendre une ampleur important des plantations de parcelle agroforestière « bois d’œuvre » pour leur impact long terme sur le stockage carbone.

– Donner une masse critique de plantation pour recréer une filière bois locale viable qui incitera aussi les exploitants à changer de regard sur la haie, son rôle dans l’exploitation si elle peut être valorisée.

– La création d’une parcelle pilote permettra de démontrer le caractère reproductible de la démarche à l’ensemble de agriculteurs de la MEL et euro-régional (par des visites de terrain, animations, réunion d’information…) mais aussi à une échelle bien plus large.

Structuration des débouchés

Depuis 2010, la MEL travaille avec les partenaires locaux (APROBIO et Bio en Hauts de France) pour structurer la filière du bio local autour de la restauration collective.

En 2016, après une phase importante de sensibilisation des communes en tant qu’acheteurs publics, la MEL a lancé une AMO pour accompagner individuellement les communes dans l’écriture des marchés et pour les accompagner collectivement en créant des outils de suivis des prestations de repas.

Parallèlement, le Label ici je mange local a été créé avec la Région des Hauts de France, le Département du Nord et la Chambre d’Agriculture Nord – Pas de Calais afin de mettre en lumière les collectivités qui favorisent l’approvisionnement local et bio local dans la restauration collective.

Circuits courts

  • Au travers de nombreux outils, la MEL accompagne la structuration des circuits courts et leur visibilité pour les consommateurs.
  • Application MELCOME et EnjoyMEL pour la mise en lumière en version informatique des points de vente directs (magasins individuels, collectifs, systèmes de retraits …). Ces applications se sont adaptées en 2020 pour permettre de flécher les rayons de 1, 3 ou 20 km par exemple.
  • Participation au réseau ouacheterlocal avec la mise en avant des exploitations labellisées
  • La MEL soutien l’association régionale des AMAP pour aider à l’émergence et la structuration de ces systèmes sur le territoire
  • En partenariat avec le CIVAM, entre 6 et 10 marchés fermiers durables sont organisés par ans pour mettre en lumière les exploitations locales et les pratiques durables en lien avec des évènements de nos espaces naturels métropolitains comme la fête de la nature.

Communication, sensibilisation

La communication vers le grand public ciblée sur l’agriculture biologique se traduit principalement par deux biais :

  • – Le développement d’actions de sensibilisation auprès des scolaires par le biais des actions sur la restauration collective en partenariat avec APROBIO
  • – Dans le cadre du PAT, le développement du dispositif PANIERS, pour l’accès à des produits bio locaux pour des personnes en situation de précarité.

Par ailleurs, le bio est mis en avant lors des événements grands publics, comme les marchés des producteurs durables avec le CIVAM ou encore lors du marché Made in MEL, qui se tient une fois par an et réuni entre 4000 et 5000 personnes selon les éditions (vidéo ici).

Biodiversité                  

Action nichoirs

En 2018, avec le lancement de la démarche ABC (Atlas de la biodiversité communale) une enquête sur les hirondelles a été menée. 29 fermes et particuliers ont répondu à l’enquête suite à la visite du GON directement dans les exploitations ou habitations.

Au total, 186 nids d’Hirondelle rustique ont été dénombrés pour 110 occupés cette année. Pour les Hirondelles de fenêtre, c’est beaucoup plus localisé avec 75 nids de dénombrés pour 47 d’occupés et surtout présents dans une seule exploitation. Il résulte de l’opération que les agriculteurs sont prêts à répondre chaque année au questionnaire et à prendre du temps pour dénombrer les nids. Certains ont déjà réalisé quelques actions pour lutter contre les désagréments qu’elles peuvent causer sans toutefois leur nuire.

En 2019, une enquête sur les moineaux a été lancée.

En 2021, la MEL avec la LPO et en coordination avec le GON et la chambre d’agriculture, va déployer un réseau de nichoirs pour les effraies des clochers et les chevêches d’Athéna.

Ces actions constituent les premières briques des partenariats avec les exploitations du territoire sur des objectifs d’observation et d’indicateurs sur le lien agriculture et biodiversité.

Dans le cadre de la grille des baux ruraux environnementaux MEL, de nombreux niveaux contribuent à une amélioration de la place de la biodiversité dans la trame agricole. (Travail du sol, éléments paysagers, gestion de mares, …)

 Expérimentation MELlifères

Ce projet, porté par Bio en Hauts de France, en partenariat avec la MEL, cherche à encourager les coopérations entre producteurs-rices et apiculteurs-rices sur le territoire de la MEL pour permettre d’un côté, le développement d’une filière apicole bio en région via le développement de cultures à haute valeur mellifères (bourrache, sarrasin…). D’un autre côté, l’émergence de filières de valorisation de ces cultures mellifères afin de créer de nouvelles opportunités commerciales pour les producteurs-rices.

Le partenariat entre apiculteurs et producteurs-rices serait alors gagnant-gagnant.

Le-a producteur-rice développe un système fourrager pour l’apiculteur, augmente ses rendements grâce à la présence de pollinisateurs, et explore un potentiel de création de valeur ajoutée en testant des filières de diversification, et en louant des espaces à haute valeur mellifères.

De son côté, l’apiculteurs-rice dispose d’un nombre accru de sites d’implantation de qualité en région.

Sur la première année, trois binômes constitués et trois cultures testées :

Une première année qui a permis de tester sur 3 parcelles d’au moins 1ha une culture mellifère conduite en bio. Pour les exploitants engagés, ils ont pu avoir un conseil technique et un suivi du dispositif. Ces nouvelles cultures et nouveaux modes de faire ont connu les aléas d’implantations et climatiques de l’année 2020. Les premiers bilans chiffrés sont en cour de stabilisation mais l’ensemble des exploitants et apiculteurs se sont d’ores et déjà engagés pour réitérer cette expérimentation sur 2021.

Par ailleurs, cette opération a été l’occasion de communiquer auprès du grand public et cette opération a été remarqué et très appréciée par les riverains et promeneurs, nombreux sur la MEL qui ont ainsi ouvert un dialogue avec les exploitants concernés.

Concertation dans la construction des politiques

La stratégie agricole et alimentaire de 2016 (SAAM) est le fruit d’une large démarche de concertation fin 2015 et début 2016 avec :

  • – Une consultation grand public : 122 contributions libres et 292 questionnaires (public varié représentant 90 communes – 60% de particuliers et 30 % d’agriculteurs + associations) ;
  • – Une consultation de toutes les mairies de la MEL avec 32 % de retour ;
  • – Une co construction des axes et priorités en transversalité avec les services de la MEL, avec nos partenaires associatifs du monde agricole, la Chambre d’Agriculture Nord – Pas de Calais et les partenaires institutionnels (DRAAF, DDTM, AEAP, Conseil Régional, Département …)

Ce processus a abouti, en juin 2016, à la délibération cadre qui fixe la stratégie agricole et alimentaire métropolitaine.

Plus spécifiquement, en 2017, la MEL a réalisé avec Bio en Hauts de France une étude sur le potentiel de développement de l’agriculture biologiqiue, comprenant une étude Sensibio.

Cette étude avait mis en évidence le besoin de conforter la dynamique autour de la ceinture maraichère bio (en ont suivi le fonds de concours ainsi que l’espace test de Lompret, mais aussi un accompagnement spécifique de ce groupe de maraichers bio MEL).

Cette étude a par ailleurs montré que 65 % des exploitants interrogés avaient de fortes craintes liées à la pression foncière sur le territoire de la MEL. Le PLU 2 et le travail sur les BRE visent à amorcer une levée de ces freins. Les projets en cours de PPEANP également.

Le Projet alimentaire Territorial (PAT) est également l’aboutissement d’une large concertation et co construction avec les acteurs du territoire, les réseaux nationaux mais également les citoyens métropolitains dont les agriculteurs et a abouti fin 2019 à une délibération dédiée.

Gouvernance

Le plan d’actions en faveur de l’agriculture biologique a longtemps reçu la participation financière de l’Agence de l’Eau Artois Picardie. Les actions sont construites avec Bio en Hauts de France et APROBIO et partagées avec la Chambre d’Agriculture Nord – Pas de Calais.

Par ailleurs, la MEL fait partie du réseau des territoires bio animé par Bio en Hauts de France et qui regroupe, au sein duquel nous échangeons sur les dossiers, expériences, avancées, freins. Nous partageons également le « mois de la bio » pour mutualiser nos évènements de formation et sensibilisation auprès des exploitants de nos territoires.

Éléments financiers

Tous les ans, la MEL est en partenariat financier avec l’association bio en Hauts de France, selon les projets développés. Ainsi qu’avec l’association APROBIO pour la promotion des produits biologique auprès du grand public.

Résultats

La progression de la part du bio dans la SAU progresse lentement car, encore aujourd’hui, la plupart des conversions ou installations en agriculture concernent des exploitations en maraichage, donc sur de petites surfaces mais avec un fort potentiel nourricier et d’impact sur les circuits courts et les comportements alimentaires des métropolitains. C’est pourquoi nous calculons également la part d’exploitations bio sur le territoire en plus de la part de la SAU.

Facteurs de réussite

L’engagement sur le long terme est un facteur clé, ainsi que les partenariats avec les acteurs locaux et autres territoires. La MEL ne positionne pas le bio comme une obligation mais comme une voie possible et que l’on souhaite accompagner et soutenir. Pour cela nous travaillons à la création des conditions positives pour cette transition (filières économiques – circuits courts, emplois, accompagnement technique, communication, reconnaissance politique…)

Difficultés rencontrées

Nous avons longtemps cherché à développer les aides pour l’agriculture biologique, et il nous est apparu que le régime des minimis était déjà sur sollicité sur notre territoire et donc peu satisfaisant. C’est pourquoi nous avons progressivement développé d’autres mécanismes d’aides mais nous souhaiterions pouvoir engager des expérimentations sur les paiements pour les services environnementaux dans lesquels l’AB aura toute sa place.

Par ailleurs, le développement de l’agriculture biologique sur les grandes cultures, tournées vers les filières longues, est très dépendant de l’implication et l’impulsion des filières. Aujourd’hui nous n’avons pas encore trouvé comment engager ces dialogues sur notre territoire.

Perspectives

Le développement de filières bio sur le territoire, en partenariat avec les autres territoires engagés du secteur

Le déploiement d’un volet dédié aux énergies renouvelables et au lien agriculture et climat

La poursuite d’actions sous forme d’expérimentations aux champs

Contacts Mélanie LOTTE – Unité fonctionnelle

agriculture@lillemetropole.fr ou mlotte@lillemetropole.fr    

Crédits : TERRITOIRESBIO