Plastic Odyssey : un tour du monde avec un bateau qui transforme les déchets en carburant

Pour sensibiliser sur l’urgence de mieux trier et recycler les déchets présents sur les littoraux qui finissent par polluer les océans, une nouvelle expédition maritime se prépare. « Plastic Odyssey » sera le premier tour du monde à bord d’un navire qui avance grâce à l’énergie récupérée dans les déchets plastiques.

Chaque année, 10 millions de tonnes de déchets plastiques rejoignent les mers. A ce rythme, les scientifiques prédisent qu’en 2050, il y aura plus de plastiques que de poissons dans nos océans… Et pour cause : aujourd’hui, seulement 9% du plastique est recyclé dans le monde. Le reste est soit incinéré, enfoui, ou termine dans des décharges à ciel ouvert ou encore dans la nature. Dans ces derniers cas, le plastique se fragmente jusqu’à devenir microscopique et envahit littéralement l’ensemble des écosystèmes et des organismes vivants. La dépollution est alors impossible, quoi qu’en disent les « génies » qui sévissent sur les réseaux sociaux.

C’est pourquoi, une nouvelle expédition maritime inédite et novatrice se prépare : Plastic Odyssey. Le 15 juin 2018 était inauguré à Concarneau un prototype de bateau baptisé « Ulysse ». Ce catamaran de 6 mètres est singulier puisqu’il est capable de transformer des déchets plastiques en carburant. Cette première version augure la construction d’un bateau de 25 mètres, baptisé « Plastic Odyssey », qui partira en 2020 pour une expédition de trois ans autour du monde. Objectif : collecter et trier des déchets retrouvés sur les littoraux.

Les déchets non-recyclables seront convertis en carburant par pyrolyse, permettant d’alimenter les moteurs du navire, un procédé qui sera testé pendant 6 mois sur le « bateau-demonstration ».

Ce sera le premier bateau au monde à avancer grâce aux déchets plastiques. Il est construit à Concarneau dans la base Explore du navigateur Roland Jourdain et l’unité de pyrolyse est développée avec SARP Industries, filiale de Veolia, à Mantes-la-Jolie. Celle-ci aura une capacité de 5 kg/heure de plastique traité, pour une production de 3 litres de diesel et 2 litres d’essence maximum.

« Plastic Odyssey » : une expédition internationale de trois ans

Pendant 3 ans, le catamaran de 25 mètres fera de nombreuses escales à travers le globe pour y trouver son carburant. En effet, les déchets seront récoltés sur les littoraux, puis triés pour être valorisés en carburant. Au-delà du défi technique, l’équipage mettra en place des ateliers pour construire et tester de nombreuses machines open-source déployées à chaque escale, afin de partager les avancées en matière de transformation des déchets plastiques à une échelle planétaire. Et si cette technologie pouvait permettre de stimuler la construction de micro-usines de revalorisation des déchets ?

Si ce procédé est séduisant et louable, il ne permet pas de dépolluer les océans, mais plutôt de sensibiliser et de prévenir en récupérant des déchets sur terre, qui auraient pu finir en mer. L’idéal serait des bateaux capables de filtrer l’eau sur laquelle ils naviguent, afin qu’ils puissent récupérer les microplastiques et s’en servir comme carburant. Mais, pour l’instant c’est de la science-fiction….

Texte : Christophe Magdelaine / notre-planete.info (CC BY-NC-SA)

Photo : Plastic Odyssey

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