Débat sur les déchets nucléaires : le dilemme de la participation

 

Le débat public sur les déchets nucléaires a démarré le 17 avril et s’achèvera le 25 septembre prochain. Son objet : la 5ème édition du « plan national de gestion des matières et déchets radioactifs » (PNGMDR), pour la période 2019-2021. Cette année pour la première fois, les citoyens sont consultés. Lassée par les débats sur le nucléaire dont les conclusions passent généralement à la trappe, France Nature Environnement a beaucoup hésité à participer à ce débat public. Mais la nécessité de porter la demande d’études sur les solutions alternatives à l’enfouissement des déchets radioactifs a primé.

Les avis extérieurs systématiquement écartés des décisions sur le nucléaire

En plus de la lassitude face à des débats qui tombent rapidement dans l’oubli, c’est aussi la situation à Bure autour du projet d’enfouissement de déchets radioactifs Cigéo et la répression gouvernementale envers les militants qui a fait hésiter le mouvement France Nature Environnement. Dans un contexte où les décisions sur le nucléaire sont systématiquement prises sans tenir compte de l’avis de la société civile, avec un flagrant manque d’information des citoyens et souvent au profit de la filière nucléaire, à quoi bon participer à un énième débat ?

Ce nouveau plan semble en plus vouloir acter le fait que l’on va continuer à traiter les déchets nucléaires dans le but de les transformer en « matières valorisables » ultérieurement, toujours dans des réacteurs nucléaires. Pour France Nature Environnement, le retraitement (un soi-disant recyclage) de ces déchets est un leurre qui a pour fonction d’organiser la poursuite indéfinie du nucléaire. Pourtant, la fédération le rappelle : seule la sortie du nucléaire, et donc l’arrêt de la production de déchets, pourra permettre d’aller sereinement vers des solutions optimisées, voire acceptables, pour stocker ces déchets.

La « bonne solution » de stockage de déchets nucléaires n’existe pas, continuons la recherche

C’est justement pour peser sur la question du stockage des déchets radioactifs que France Nature Environnement a décidé de participer à ce débat. Car dans ce domaine, s’il n’existe pas de bonne solution, certaines sont pires que d’autres et l’enfouissement de déchets radioactifs en fait partie. Le gouvernement a pourtant décidé d’enfouir 108 000 m3 de déchets sous la commune de Bure. Pour France Nature Environnement, il est inconcevable de se lancer dans un tel projet, encore moins avant d’avoir étudié toutes les alternatives.

Petite lueur d’espoir tout de même : outre le débat public, ce Plan National a pour la première fois bénéficié d’une évaluation environnementale et d’un avis du Conseil général de l’environnement et du développement durable (CGEDD). France Nature Environnement espère que ces avis seront bien disponibles sur le site du débat public. Pour Maryse Arditi, référente Nucléaire à France Nature Environnement« c’est la première fois qu’un plan national de gestion des déchets radioactifs est à la fois soumis aux citoyens, à une évaluation environnementale et à un avis de l’Autorité Environnementale. Il reste désormais à espérer que ces avis seront pris en compte… car l’Etat a une fâcheuse tendance à mener sa politique énergétique sans se soucier de la gestion des déchets radioactifs ».

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Crédits : France Nature Environnement