Biodiversité : «Construisons les bases d’un accord international ambitieux»

 

Dans une tribune du Parisien-Aujourd’hui en France du 28 avril, plusieurs membres du gouvernement, dont le ministre de la Transition écologique François de Rugy, appellent à une mobilisation internationale pour sauvegarder la biodiversité.

François De Rugy, ministre de la Transition écologique et solidaire. Frédérique Vidal, ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation. Brune Poirson et Emmanuelle Wargon, secrétaires d’État auprès du ministre de la Transition écologique et solidaire.

« Au fil des années, nous avons pris conscience de l’érosion croissante de la biodiversité. Les alertes d’hier ont cédé aujourd’hui la place aux preuves : en 2016 et en 2017, la température élevée des océans a blanchi un nombre important de coraux et empêché leur reproduction ; en 2018, le taux de « natalité » sur la Grande Barrière de corail a baissé de 89 % et ses bienfaits vitaux pour l’homme ont diminué : les coraux se servent du CO2 pour construire leurs récifs et stockent donc le carbone en s’épanouissant.

Grâce à la recherche, nous ne pouvons plus nier l’évidence : les activités humaines sont responsables de la perte de biodiversité, elle-même aggravée par le dérèglement climatique. L’érosion de la biodiversité mobilise toutes les disciplines scientifiques, dont 5 000 chercheurs en France : de la biologie, la zoologie et la botanique pour l’étude des espèces à la sociologie et l’ethnographie pour caractériser notre rapport au vivant et redécouvrir des pratiques traditionnelles plus durables. Les mathématiques, la physique ou le big data sont également précieux pour la modélisation et le traitement des milliards de données que nous amassons pour mieux comprendre la structure de nos écosystèmes et donc œuvrer à leur préservation.

Grâce à la science, nous avons acté qu’étant responsables de ce fléau, nous sommes en capacité de trouver son remède. Mais, encore faut-il que nous partagions mondialement nos savoirs. C’est ce constat qui est à l’origine de la création de l’IPBES (plate-forme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques) initiée par Jacques Chirac en 2005, dont la 7e session plénière s’ouvre demain à Paris. Sous l’égide des Nations unies, son but est de mettre la science au service du politique en produisant des études internationales et régionales du meilleur niveau ainsi que des recommandations opérationnelles, tel un véritable « Giec de la biodiversité ».

Élaboré pendant trois ans par plusieurs centaines d’experts scientifiques internationaux, le rapport qui sera produit par l’IPBES témoigne d’une mobilisation inédite de la recherche pour établir une référence scientifique internationale. Sans ce constat partagé, les décideurs du monde entier, les acteurs de la société civile et les scientifiques ne pourront pas prendre de décision éclairée.

Cette nouvelle session de l’IPBES doit donc être l’acte de naissance d’une mobilisation internationale sans précédent pour la biodiversité.

De la même manière qu’il existe une Conférence des parties pour le climat, il en existe une sur la diversité biologique. En 2020 aura lieu la COP15 biodiversité en Chine. Nous y porterons des mesures ambitieuses et coordonnées pour lutter contre l’érosion de nos écosystèmes. Comme la France s’est mobilisée pour l’accord de Paris et le succès de la COP21, nous souhaitons que la COP biodiversité soit celle de l’engagement et de l’action.

La France est déterminée à montrer l’exemple. En 2018, le gouvernement, sous l’autorité du Premier ministre, a ainsi lancé le Plan biodiversité et pris un engagement ferme : réduire à zéro la perte nette de biodiversité sur notre territoire dans les années à venir, au bénéfice de tous les Français. Mais nous ne pouvons agir seuls. Nous appelons donc les Etats membres de l’IPBES à soutenir avec détermination les travaux de recherche qui leur seront présentés et à les faire connaître dans leurs pays et à travers le monde. Convaincu que cette démarche est la seule qui puisse nous permettre de bâtir une société durable et inclusive, le gouvernement entend donner toute sa portée à cette mobilisation. Déjà engagé en faveur de la sortie des pesticides, l’évolution de notre agriculture, la lutte contre l’artificialisation des sols, le contrôle des bois importés ou encore la réduction des plastiques, il sera au rendez-vous de l’action internationale pour la biodiversité dont la session de l’IPBES doit être le socle. »

Crédits : Le Parisien